MANIFESTE DES PRATICIENS

Alors que Largent est de toute évidence au cœur de nos sociétés malades, personne n'ose s'apercevoir qu'il est le poison qui les ronge; nul n'a le courage de le dénoncer comme l'ennemi séculaire de l'Humanité. Ces temps d'aveuglement et de lâcheté sont révolus; l'heure est à la Vérité et à la Révolution. Aussi les Patriciens ont-ils résolu d'exposer les concepts qui les poussent à agir dans le présent, et les Principes de la Cité qu'ils veulent fonder dans le futur. Le présent Manifeste annonce à l'Homme que la Révolution a commencé dans les esprits, et à Largent, que son règne touche à sa fin.


ART. 1 — Le but de toute société est de satisfaire les intérêts qui ont poussé ses membres à s'associer.


ART. 2 — Ces intérêts sont les Droits des associés; ces Droits étant garantis par l'association - qui est l'ensemble des associés - , chaque associé doit contribuer à garantir les Droits de ses associés, ce qui lui confère des Devoirs envers l'association et chacun de ses membres.


ART. 3 — Il n'y a de Droits qu'en société, qu'entre individus qui conviennent, même tacitement, de se soutenir mutuellement.


ART. 4 — Pour jouir des Droits que garantit l'association à ses membres, il faut d'abord en faire partie et faire ensuite ce qu'il faut pour ne pas en être exclu.


ART. 5 — Pas de Droits sans Devoirs, pas de Devoirs sans Droits; remplir des Devoirs confère des Droits; jouir de Droits confère des Devoirs.


ART. 6 — Nul ne peut adhérer à une association qui exigerait plus de lui que des autres membres; des associés ne peuvent exiger d'un nouveau venu moins qu'ils n'exigent d'eux-mêmes; les membres d'une association ne peuvent garantir à l'un d'entre eux, à leurs dépens, des avantages dont ils se privent; l'association exige nécessairement le même dévouement de la part de chacun avant de garantir à tous les mêmes Droits.


ART. 7 — L'ÉGALITÉ en Devoirs implique l'ÉGALITÉ en Droits; l'ÉGALITÉ en Droits suppose l'ÉGALITÉ en Devoirs; il n'y a de société que dans l'ÉGALITÉ.


ART. 8 — L'INÉGALITÉ en droits dissout l'association; il ne peut y avoir de Devoirs envers une association qui n'existe pas.


ART. 9 — Il n'y a pas d'association entre un esclave privé de ses Droits par un maître qui l'en dépouille.


ART. 10 — L'instinct de conservation est à l'origine de toute société; vivre est le premier Droit que celle-ci doit garantir ; ne pas attenter à la vie de ses associés est le premier Devoir que chacun doit observer.


ART. 11 — Dans la nature règne le plus fort et l'insécurité; les individus, réunissant leurs forces au sein d'une association, doivent voir leur sécurité s'accroître du fait d'être associés; la force est donc bannie des rapports entre associés qui doivent mutuellement garantir leur sécurité.


ART. 12 — Quiconque attente aux Droits d'un associé, donc à sa sécurité, se déclare l'ennemi de tous les associés et rompt l'association si lui-même en faisait partie.


ART. 13 — La SÉCURITÉ est le premier Droit recherché par les associés; il n'y a pas de SÉCURITÉ dans l'INÉGALITÉ, car avoir plus de droits que d'autres, c'est avoir des droits sur eux, c'est les opprimer, c'est menacer leur vie; il s'ensuit que des associés, ne pouvant être inégaux, doivent être égaux en Devoirs et en Droits.


ART. 14 — Les individus étant libres d'adhérer à l'association, sont également libres de la quitter et doivent donc être libres tout en lui appartenant.


ART. 15 — Il n'y a de LIBERTÉ, en tant que Droit, qu'au sein d'une association.


ART. 16 — Au sein de l'association, la LIBERTÉ consiste à avoir les mêmes Droits et Devoirs que ses associés, de sorte que l'intérêt de chacun soit que les LIBERTÉs soient pour tous égales et le plus étendues possible, mais bornées par le respect des Droits d'autrui.


ART. 17 — Dans la mesure où les êtres sociables tels que l'Homme sont contraints par leur nature de vivre ensemble, la société doit susciter le désir d'en faire partie; les associés ne doivent avoir aucune envie de retourner à la solitude et toutes de rester dans l'association.


ART. 18 — L'INÉGALITÉ entre individus d'une même "société" est la source de tous les fléaux.


ART. 19 — L'INÉGALITÉ est anarchie; l'ÉGALITÉ est ordre.


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ART. 20 — La Cité - société ou association - est l'ensemble des Citoyens qui la composent.


ART. 21 — Le rôle de la Cité n'est pas de faire le bonheur des hommes, mais de maintenir l'ÉGALITÉ, c'est à dire garantir aux Citoyens la jouissance de leurs Droits afin qu'ils soient, en tant qu'individus, le moins malheureux possible et libres de chercher leur bonheur.


ART. 22 — l'ÉGALITÉ est le Principe fondamental de la Cité. Le principe d'ÉQUITÉ repose sur l'arbitraire et impose l'iniquité; c'est un subterfuge capitaliste, individualiste, anti-égalitaire et donc antisocial.


ART. 23 — Est et demeure Citoyen tout individu reconnu comme tel par la Cité, tout individu qui s'est acquitté de ses Devoirs envers la Cité et jouit, de ce fait, de tous les Droits du Citoyen, tout individu qui adhère au Contrat Social de la Cité.


ART. 24 — Le Contrat Social de la Cité est unique; proposé à tous les hommes, il impose à tous les Citoyens les mêmes Devoirs et garantit à tous les mêmes Droits.


ART. 25 — Les clauses du Contrat Social, tacite ou officiel, résultent des lois naturelles de l'association.


ART. 26 — Rien n'étant plus facile qu'ignorer et enfreindre ce qui est tacite, la Cité doit adopter un Contrat Social officiel de sorte que chaque Citoyen sache ce qu'elle exige de lui comme de tous ses Concitoyens, et ce qu'il doit exiger d'elle en retour.


ART. 27 — Sans Contrat Social, point de Cité, point d'Égalité; hors Égalité, point de société, de Citoyen, de LIBERTÉ, de Droits, de République, de Démocratie, etc.


ART. 28 — Qui manque à un seul de ses Devoirs civiques risque la perte de tous ses Droits de Citoyen, sans pouvoir prétendre être opprimé.


ART. 29 — Selon le Contrat Social, les Devoirs fondamentaux du Citoyen sont: respecter les Droits d'autrui, participer à la vie de la Cité, être solidaire de ses Concitoyens et conserver de la Cité.


ART. 30 — La principale forme de participation à la vie de la Cité est le Travail; tout Travail reconnu par la Cité rend Citoyen à part entière celui qui l'effectue.


ART. 31 — Le Travail est pour le Citoyen dans la Cité ce que les efforts pour survivre sont à l'homme seul dans la nature; la Cité ne constitue pas un refuge pour les fainéants; elle facilite un Devoir naturel, mais n'en dispense aucunement les individus valides.


ART. 32 — Les études supérieures étant nécessaires pour Travailler ultérieurement font partie du Travail, sont elles-mêmes un Travail; les étudiants sont des Citoyens à part entière.


ART. 33 — La Cité est une mère qui doit protection à tous ses enfants dévoués, provisoirement inaptes ou malheureusement invalides.


ART. 34 — Après un temps passé à Travailler, égal pour tous, les Travailleurs doivent être libres de s'arrêter, tout en conservant leur statut de Citoyen à part entière.


ART. 35 — Selon le Contrat Social, les Droits fondamentaux du Citoyen sont: la Sécurité, la LIBERTÉ, l'Accès, le tout dans l'ÉGALITÉ. La Dignité, quant à elle, est la jouissance par un Citoyen de tout ses Droits, ce qui implique que tous les Citoyens jouissent aussi des leurs.


ART. 36 — Il n'y a pas de demie Citoyenneté; le statut de Citoyen étant unique confère les mêmes Droits à tous les Citoyens.


ART. 37 — Des LIBERTÉS ne sont pas la LIBERTÉ; quelques droits indirects identiques ne suffisent pas à rendre les "Citoyens" fondamentalement égaux.


ART. 38 — La jouissance d'un Droit est naturellement bornée par la jouissance par les autres Citoyens de ce même Droit ; toute autre borne est artificielle, arbitraire et source d'oppression.


ART. 39 — Les Droits du Citoyen dépendent de la Cité dans laquelle il vit, non de l'entreprise par le biais de laquelle il remplit envers la Cité son Devoir de Travailler.


ART. 40 — Un Citoyen ne peut être tenu de Travailler pour la Cité et être pénalisé par elle de sa spécialisation professionnelle.


ART. 41 — Nul n'est irremplaçable; il n'y a pas de sous-métier; tous les Travailleurs sont complémentaires; aucune fonction ne justifie une quelconque supériorité en droits; la complémentarité des Travailleurs commande l'ÉGALITÉ en Droits des Citoyens.


ART. 42 — Celui qui croit que son Travail mérite plus de droits que le Travail de ses Concitoyens, oublie qu'il est ce qu'il est grâce à la Cité, qu'il Travaille dans la Cité, que seule la Cité peut reconnaître et garantir ses Droits, que la Cité est l'ensemble de ses Concitoyens, et qu'il n'y a de Droits que dans l'ÉGALITÉ. Celui qui veut vivre dans la Cité, doit sacrifier son orgueil d'individu à ses Droits de Citoyen.


ART. 43 — La Cité doit honorer les Vertus des particuliers sans attenter aux Droits des Citoyens. Les lauriers seuls peuvent couronner les Vertus; prétendre à autre chose c'est déjà en être indigne. Le mérite personnel ne doit trouver sa récompense que dans la satisfaction personnelle et la reconnaissance publique.


ART. 44 — Chaque Citoyen doit mériter seul ses Droits auprès de la Cité; nul ne peut jouir de Droits générés par des Devoirs accomplis par un autre; les Droits ne sont ni héréditaires, ni transmissibles, ni cumulables, ni jouables, ni escamotables, etc.


ART. 45 — Le Droit d'Accès - ou de s'approprier ou de consommer -, étant généré par le Devoir de Travailler, n'appartient qu'à ceux auxquels la Cité reconnaît le statut de Citoyen, et ne porte que sur ce qui est issu du Travail.


ART. 46 — Pour que tous les Citoyens jouissent d'un égal Droit d'Accès, ils doivent en amont être égaux dans le Devoir de Travailler, prendre part à la production, et répondre aux exigences économiques de la Cité.


ART. 47 — Quoique l'ÉGALITÉ en biens ne soit ni possible ni souhaitable, une trop grande disparité de propriétés entre Concitoyens ne peut cependant résulter de la libre expression de leurs goûts, et révèle un état d'INÉGALITÉ en droits, donc une situation d'oppression.


ART. 48 — Il y a oppression dès lors que les Citoyens sont inégaux ; puisque les hommes ne peuvent vouloir être opprimés, il s'ensuit qu'ils sont associés pour être égaux, que la Cité doit garantir l'ÉGALITÉ entre ses Citoyens et que la résignation des soi-disant "Citoyens" face à l'oppression est seulement, de leur part, le fait d'une impuissance provisoire à la renverser.


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ART. 49 — En reposant sur la notion de valeur, Largent introduit fatalement dans la Cité le subjectif, le relatif, l'arbitraire, l'intérêt particulier, la différence de prix entre les choses et les hommes, et l'INÉGALITÉ en Droits entre les Citoyens.


ART. 50 — Sous Largent, les valeurs sont concrétisées par des unités qui incarnent et donnent seules le droit de consommer, unités dont le but est de circuler, unités qui se répartissent inégalement, unités qui sont à la merci du plus fort, unités qui permettent aux uns de détenir les Droits des autres, etc. ; Largent, c'est le vol indirect légalisé.

ART. 51 — Un prix est la conséquence d'une chaîne de prix dont lui-même est un maillon, à moins qu'il soit fixé arbitrairement.


ART. 52 — Tout ce qui est justifié par Largent est injustifiable autrement et n'est en rien justifié du point de vue social; tout ce qui est logique financièrement est absurde selon le DROIT.


ART. 53 — La nature des unités monétaires importe si peu qu'elles sont en passe d'être aussi virtuelles et imaginaires que la notion de valeur; un pauvre n'est séparé d'un riche par rien, sinon par Largent qui vit dans leur imagination.


ART. 54 — Largent est une croyance dont l'Homme est prisonnier physiquement; Largent n'existe que par l'Homme mais l'Homme n'a pas besoin de Largent pour exister.


ART. 55 — Largent fait le malheur de tous les Peuples qu'il infeste, car la seule alternative à la toute puissance de Largent, dans un système monétaire, est la tyrannie humaine.


ART. 56 — Les hommes n'adoreraient pas Largent, ne lui courraient pas après et ne se battraient pas pour lui, s'il n'existait pas et si, en tant que Citoyens, ils étaient égaux en Droits.


ART. 57 — Largent n'aurait pas de raison d'être si le Travail conférait les Droits du Citoyen au lieu d'être rémunéré avec des unités, car alors les choses n'auraient pas de prix; c'est d'ailleurs parce que, dans un système monétaire, les choses ont un prix, que les hommes ne conçoivent que des unités pour salaire et s'enferment dans la logique monétaire qui les écrase.


ART. 58 — Seul Largent, engendrant ou perpétuant un contexte inégalitaire, permet d'abuser du pouvoir hiérarchique ou de donner du pouvoir sans autre mérite que la fortune; Largent est l'instrument de la tyrannie, et tyran lui-même.


ART. 59 — Largent est le plus grand ennemi de l'Homme avant l'Homme lui-même.


ART. 60 — Le pouvoir des riches est moins dans leur personne que dans leur fortune qui, en les dotant de droits, leur confère des forces infiniment supérieures à leur forces naturelles.


ART. 61 — Il y aura toujours des riches et des pauvres sous largent; un riche n'est pas et ne sera jamais l'égal en Droits d'un pauvre. Fortune et pauvreté, oppression et INÉGALITÉ sont inhérentes à Largent.


ART. 62 — Après ceci, quiconque justifie encore Largent se fait complice de l'INÉGALITÉ, de l'exploitation et de l'oppression capitaliste.


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ART. 63 — Un moyen d'échange est un intermédiaire entre le Devoir de Travailler et le Droit de s'approprier les fruits du Travail, entre le Citoyen et ses Droits de Citoyen.


ART. 64 — Tous les bienfaits de la Cité étant le fait du Travail, le moyen d'échange est un élément vital pour les Citoyens et le paramètre central de la Cité; de la nature du moyen d'échange - de la façon de l'obtenir, de l'utiliser, etc. - dépendent donc la nature des rapports entre les hommes et la nature des hommes eux-mêmes.


ART. 65 — En accaparant le Droit de s'approprier et en se répartissant inégalement, Largent confère aux "Citoyens" un droit d'accès fatalement inégal, INÉGALITÉ qui se répercute sur tous les autres Droits et anéantit l'état de Droits, donc la société même.


ART. 66 — Les unités monétaires sont des portions de droit sur la production de la Cité; les différences de salaire sont des INÉGALITÉS en droits.


ART. 67 — Pour que la Cité avance dans le respect des Droits et à l'abri du caprice des hommes, la logique du DROIT doit être à la base de la Cité, au cœur de la Cité, dans son élément le plus stable: dans le moyen d'échange.


ART. 68 — Le Droit de consommer dans la Cité doit être donné par la Citoyenneté elle-même, par le fait d'être Citoyen, non par d'insignifiantes unités.


ART. 69 — Consommer ou accéder au marché de la Cité étant un Droit, tous les Citoyens doivent avoir le même, donc le même pouvoir d'achat, pouvoir sans autre borne que les possibilités réelles du marché.


ART. 70 — Des unités limitent inégalement le pouvoir d'achat; l'ÉGALITÉ du Droit de consommer exclut le recours à toute forme d'unité ou de rationnement, et implique l'usage d'un moyen d'échange conférant à tous les Citoyens un pouvoir d'achat théoriquement illimité.


ART. 71 — Une Carte civique utilisant la technologie des cartes de crédits mais s'obtenant de la Cité et permettant uniquement de vérifier la Citoyenneté conférerait à tous les Travailleurs ou à tous les Citoyens un pouvoir d'achat indéfini, théoriquement illimité et donc égal.


ART. 72 — Lorsque tous les Citoyens disposent d'un pouvoir d'achat théoriquement illimité, aucun ne peut accaparer la production, dépouiller les autres de leurs Droits, les asservir ou les soudoyer; nul ne peut se vendre ni voir dans ses égaux des maîtres.


ART. 73 — Instaurer définitivement l'ÉGALITÉ et anéantir, par conséquent, tout germe de tyrannie est donc le double but de la Carte civique sur laquelle repose l'essentiel de la Révolution prônée par les Patriciens, Carte qui, en se substituant à Largent, l'abolit de fait et lui interdit de ressusciter.


ART. 74 — L'indigestion est motivée par la rareté; la modération, par l'opulence. Pour que l'Homme soit libéré des obsessions matérialistes, il faut qu'il assouvisse une bonne fois pour toutes les frustrations que Largent et ses limites font naître en lui, et qu'il ne vive plus jamais dans la gêne.


ART. 75 — Quand l'ÉGALITÉ est inaltérable, la tyrannie est impuissante à renaître, la Vertu est dans les mœurs.


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ART. 76 — La Carte civique est l'évolution naturelle de la carte de crédits qui, à mesure que son usage devient exclusif, rend la monnaie de plus en plus virtuelle et creuse la tombe de Largent.


ART. 77 — Le capitalisme est lui-même en train de mettre en place toutes les structures nécessaires pour l'instauration d'une Société Du Travail.


ART. 78 — Le capitalisme est le développement extrême des lois de Largent sans lequel il n'y a pas de capitalisme possible.


ART. 79 — Largent est le cœur du capitalisme; à l'heure des cartes de crédits, instaurer la Carte civique serait un acte chirurgical mortel pour le capitalisme et indolore pour les hommes. Rien ne sert de tout révolutionner en même temps, il faut révolutionner l'essentiel et laisser le temps révolutionner le reste.


ART. 80 — La seule alternative au libéralisme économique est l'autoritarisme étatique dans lequel il n'y a pas de LIBERTÉ.


ART. 81 — L'ÉGALITÉ condamne le capitalisme; la LIBERTÉ réclame le libéralisme. Du libéralisme sans capitalisme, là est la Révolution.


ART. 82 — Dans une société, rien n'est nationalisé, rien n'est privatisé; tous les Citoyens servent la Cité.


ART. 83 — La Cité qui garantit les Droits, doit aussi veiller à l'accomplissement des Devoirs.


ART. 84 — Si la Cité n'a pas à planifier l'économie, elle ne saurait rester dans l'ignorance de ce qui se trame chez elle; elle doit avoir un Droit de regard sur le Travail pour savoir qui Travaille, donc qui est Citoyen; dénier ce Droit à la Cité, c'est prôner, sous quelque prétexte que ce soit, l'anarchie, sous quelque nom que ce soit.


ART. 85 — Le moyen d'échange, dans la mesure où celui-ci permet de profiter du Travail d'autrui, ne peut s'obtenir de la Cité qu'en contrepartie d'un Travail dont le marché est, à tort ou à raison, demandeur; produire sans vendre est aussi nul que n'avoir pas Travaillé; acquérir sans rien offrir de son côté est un vol; les résultats minimums exigés des Travailleurs par la Cité doivent donc porter sur les ventes, non sur la production.


ART. 86 — Il n'y a pas de contrôle plus démocratique sur les entreprises que la loi du marché, lorsque les Citoyens sont libres et égaux, les Travailleurs, en tant que consommateurs, s'imposant donc indirectement à eux-mêmes de Travailler pour satisfaire leurs appétits; et si les entreprises ont le Devoir légal de satisfaire la Demande, et les consommateurs le Droit de se plaindre de l'Offre, le marché, c'est à dire la volonté des Citoyens, impose aux entreprises de faire abstraction des résultats exigés par la Cité et de produire conformément aux désirs des Citoyens.


ART. 87 — Produire le moins cher possible pour gagner de Largent est la source du dynamisme du capitalo-libéralisme; produire de la qualité en quantité pour satisfaire une Demande colossale et exigeante est la source du dynamisme économique d'une société égalitaire et libérale.


ART. 88 — Quand la Demande est illimitée, elle est infinie et éternellement supérieure à l'Offre; le plein emploi est une fatalité.


ART. 89 — En plein emploi, celui qui ne veut pas Travailler pour la Cité n'a droit à rien dans la Cité; il ne veut pas être Citoyen: il ne l'est pas.


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ART. 90 — L'ÉGALITE est fondamentalement nécessaire, techniquement possible et historiquement imminente.


ART. 91 — Les évolutions économiques entraînent fatalement l'évolution des structures politiques; l'évolution fulgurante du XXème siècle n'ayant pas encore porté ses fruits, et le décalage entre le potentiel de la Cité et les conditions des Citoyens étant plus grand que jamais et manifestement insupportable, des bouleversements positifs d'une ampleur sans précédent se préparent.


ART. 92 — À l'échelle de l'Humanité, la Révolution est faite; à l'échelle de l'Homme, il ne reste plus qu'à la faire.


ART. 93 — Les seuls obstacles à l'ÉGALITE sont l'ignorance des hommes de la nécessité d'abolir Largent, l'inconnue quant au pourquoi et au comment le faire, le manque de résolution de ceux qui le savent, et le temps.


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ART. 94 — La nationalité est une question de choix et d'affinités; tout homme peut choisir la nationalité que lui dicte son cœur, et être naturalisé si la nation choisie l'accepte.


ART. 95 — La nationalité seule ne donne aucun Droit, car seule la Citoyenneté, subordonnée à des Devoirs, donne les Droits de la Cité.


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ART. 96 — La Terre étant l'asile du genre humain, le sol appartient à tous en général et à personne en particulier.


ART. 97 — Le sol ne pouvant s'acquérir par le moyen d'échange qui ne donne des Droits que sur la production, seule la Cité peut en octroyer des portions selon des conditions égales pour tous les Citoyens et fixées par la loi en fonction du potentiel foncier de la Cité et de l'intérêt général.


ART. 98 — Si la Cité peut et a même besoin de confier des portions de son sol à des fins diverses, elle ne s'en dépouille jamais; si les occupants ou les exploitants de la terre passent pour des propriétaires auprès de leurs Concitoyens, nul n'en est propriétaire aux yeux de la Cité qui la leur a confié provisoirement dans son intérêt ou pour accéder à des requêtes légitimes ne compromettant pas l'intérêt général.


ART. 99 — Seuls les Citoyens nationaux, ou les hommes nés et vivants sur le territoire national, peuvent, dans la mesure du possible, disposer d'une portion du sol de la Cité.


ART. 100 — En confiant son sol à titre d'outil de Travail, la Cité, en contrepartie du statut de Citoyen et de la sécurité que l'exploitant va ainsi s'assurer, exige de lui un rendement proportionnel à la surface attribuée et la mise sur le marché de sa production.


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ART. 101 — La légitimité prévaut sur toute l'ÉGALITÉ; est légitime, notamment, tout ce qui tend à proscrire l'INÉGALITÉ entre les Citoyens.


ART. 102 — La volonté du Peuple, c'est à dire de l'ensemble des Citoyens nationaux, est la seule source légitime de l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement; la probité et la passion à faire respecter le Contrat Social sont les seules sources légitimes de son maintien.


ART. 103 — Le Peuple n'a le Devoir de se soumettre qu'aux lois qui sont son ouvrage; en aucun cas le Peuple ne peut abandonner sa souveraineté à une caste de mandataires.


ART. 104 — Pour ériger son gouvernement, le Peuple exprime sa volonté par la voie du suffrage universel ou, contre un pouvoir arbitraire, par une opposition pacifique si possible, par l'insurrection armée si nécessaire.


ART. 105 — Tout Gouvernement qui ne laisse au Peuple, pour réclamer ses Droits, que le recours aux armes est fondamentalement arbitraire et tyrannique; le Peuple a le Droit inaliénable de le renverser; tous les hommes libres en ont le Devoir sacré.


ART. 106 — Toute Constitution qui, au-dessus des organes exécutifs et législatifs, même composés d'élus, ne prévoit pas une institution populaire souveraine, est une mascarade démocratique.


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ART. 107 — La Patrie d'un homme est l'Humanité; la Patrie d'un Citoyen est la Cité.


ART. 108 — Toute Patrie, toute Cité, tout Peuple, tout individu probe est une portion de la Patrie universelle; le patriotisme est la porte de la fraternité universelle.


ART. 109 — Quiconque néglige, méprise, exploite ou tyrannise l'Humanité n'a pas de Patrie et se déclare l'ennemi du genre humain.


ART. 110 — Il n'y a pas d'homme libre tant qu'un seul est opprimé; combattre l'oppression qu'il subit ou qu'il voit, est le Devoir de tout homme.


ART. 111 — Un Peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre; le Peuple Français est l'ami et l'allié naturel des Peuples debout contre la tyrannie.


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ART. 112 — Une Révolution est une tentative de proscrire l'INÉGALITÉ de la "société"; l'ÉGALITE des Citoyens en Droits est le but fondamental de la Révolution.


ART. 113 — Concevoir la révolution comme une entreprise permanente, c'est vouloir lutter sans fin contre l'INÉGALITÉ, donc ignorer le moyen d'instaurer l'ÉGALITÉ, donc perpétuer l'oppression, même sous une autre forme.


ART. 114 — Dans l'INÉGALITÉ, sous Largent, chaque individu est en lutte contre tous les autres; classes et lutte des classes sont une illusion d'optique.


ART. 115 — Une révolution qui a besoin d'hommes pour défendre ses conquêtes contre d'autres hommes sombre nécessairement dans la dictature politique.


ART. 116 — l'idée d'abolir Largent doit être dans les esprits et portée par le Peuple avant d'être mise en application; avoir besoin de recourir à la violence pour instaurer la Carte civique serait le signe qu'elle ne l'est pas et que l'heure de la Révolution n'a pas encore sonné.


ART. 117 — La force de la Révolution est dans les choses; il n'y a de révolutions irrévocables que les évolutions révolutionnaires.


ART. 118 — Une Révolution est l'étincelle qui résulte du contact entre l'évolution des choses et l'évolution des idées. Pas de Révolution tant que les choses et les hommes ne sont pas mûrs pour; impossible d'éviter la Révolution lorsqu'ils le sont.


ART. 119 — Les choses sont ce qu'elles sont; les révolutionnaires ne peuvent faire évoluer que les idées en mettant au service de la Révolution tous les moyens que l'époque fournit.


ART. 120 — Ne doit être connue des révolutionnaires que leur idée fixe; il est difficile de combattre une idée, et impossible d'arrêter une idée juste.


ART. 121 — Invisibles et Insaisissables comme le vent, puissants et éphémères comme la tempête: tels doivent être les révolutionnaires.


ART. 122 — Il n'y a pas de révolution sans tyran à abattre. En politique, l'obstacle à l'ÉGALITÉ est la tyrannie des hommes; en économie, l'obstacle à l'ÉGALITÉ est la tyrannie de Largent.


ART. 123 — La Révolution est un coup de foudre; Elle repose sur une décision historiquement nécessaire qui change tout à jamais et met aussitôt fin à la Révolution elle-même.


ART. 124 — Un gouvernement révolutionnaire est indispensable pour, d'une part, ôter le pouvoir aux contre- révolutionnaires, d'autre part, pour que les décisions révolutionnaires soient prises.


ART. 125 — Pas de Révolution sans gouvernement révolutionnaire; pas de gouvernement révolutionnaire sans parti révolutionnaire; pas de parti révolutionnaire sans théorie révolutionnaire.


ART. 126 — Il n'y a qu'une seule forme d'ÉGALITÉ; il ne peut donc y avoir qu'une seule théorie véritablement révolutionnaire.


ART. 127 — L'abolition de Largent interviendra lorsque le capitalisme sera partout à l'agonie, lorsque chaque pays capitaliste sera trop occupé à essayer en vain de sortir de ses difficultés pour avoir l'envie et les moyens de combattre le Peuple qui, le premier, osera cette Révolution.


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ART. 128 — Le but des Patriciens est de rassembler et d'organiser les vrais républicains en une force révolutionnaire capable d'exister, de promouvoir l'idée d'une Carte civique, d'inspirer aux Citoyens la haine de Largent & l'amour de l'ÉGALITE, d'approfondir la théorie de la Société Du Travail, et, à terme, de parvenir démocratiquement et provisoirement au pouvoir pour ouvrir l'ère de l'Humanité.


ART. 129 — Est Patricien quiconque reconnaît les Principes du présent Manifeste comme justes et s'en fait le champion.


ART. 130 — L'ouvrage des Patriciens sera scellé et leur mission accomplie quand l'abolition de Largent, la Carte civique et l'ÉGALITÉ en Droits des Citoyens seront un fait.




Le Frexit en bref