Les flûtes nasales
Asie, Polynésie, Amazonie...
Souffler dans la flûte avec le nez
Avec une flûte traversière
C'est difficile
Il faut — à force de tâtonner — trouver la bonne position de l'embout (en poussant un peu vers la gauche contre la paroi qui sépare les deux narines), le bon angle de la flûte (je pense que ce n'est pas très différent par rapport à la façon "normale" de souffler dans la flûte traversière avec la bouche), la bonne distance (en descendant très légèrement l'embout vers les lèvres). Et ne pas oublier la rotation d'avant en arrière de la flûte!
En fermant l'œil gauche on doit apercevoir le trou de la flûte au bord de la narine droite.
Le son est moins puissant et plus doux que quand on souffle avec la bouche.
La technique de la cigarette
On tient la flûte entre l'index et le majeur de la main gauche et on bouche la narine gauche avec le pouce de la main gauche, les notes étant jouées avec les doigts de la main droite.
La technique du cigare
On tient la flûte entre le pouce et le majeur de la main gauche et on bouche la narine gauche avec l'index de la main gauche, les notes étant jouées avec les doigts de la main droite.
La technique du bouchon
Comme aux Philippines.
On bouche la narine gauche avec par exemple une boule Quies: ça libère la main gauche et on peut ainsi jouer plus de notes. Attention de ne pas l'enfoncer trop loin, ça serait un peu bébête de se retrouver au service des urgences de l'hôpital pour se la faire retirer :-(
J'ai montré dans la vidéo qu'on n'est pas obligé de boucher la narine gauche:
— l'inconvénient c'est que le son est encore moins fort et qu'il faut aussi aspirer plus souvent car l'air part plus vite...
— l'avantage c'est que c'est plus relaxant car au bout d'un moment ça "picote" de partout :-)
Deux remarques
— en ce qui concerne les flûtes traversières nasales traditionnelles il faut savoir que le trou dans lequel on souffle est plus petit et aussi tout à l'extrémité de l'embouchure;
— on peut bien sûr inverser de droite à gauche les exemples cités plus haut (ce n'est pas seulement une question d'être droitier ou gaucher mais aussi une question de narine qui peut se boucher).
Avec une flûte à bec
N'importe qui peut le faire
Le son est identique et aussi fort que celui obtenu en soufflant avec la bouche sans attaquer avec la langue: ça ne présente donc aucun autre intérêt que celui de faire le clown, sauf si comme Roland Kirk on est capable de faire en même temps autre chose avec la bouche.
La flûte nasale Di Bolo des indigènes Pangcah (阿美族) de Taïwan est cependant à bec. Mais ce doit être pour des raisons religieuses — plutôt que pour épater la galerie — qu'ils ne soufflent pas avec la bouche!
Si au cours d'un repas on vous demande de jouer de la flûte à bec il serait évidemment plus propre de souffler par le nez que par la bouche. Alors bien sûr vos amis vont vous dire que vous êtes "trop fort", que vous avez un "incroyable" talent, et vous pourrez leur expliquer:
"Mais non, bande de NASES — ndlr: jeu de mot :-) — c'est à la portée du premier venu de jouer de la flûte à bec avec le nez: je ne fais pas mon intéressant mais je n'ai tout simplement pas envie que ma flûte en bois s'imprègne de salive pleine d'aliments et qu'après elle pue!"
On peut aussi (et là c'est nettement moins facile) souffler avec le nez dans la lumière de la flûte à bec comme si c'était dans l'embouchure d'une flûte traversière. L'index de la main gauche bouche le conduit de la flûte en plus de boucher aussi la narine gauche...
Exemples traditionnels
Pour comprendre
Préambule
Rassurons tout de suite les chochottes: la flûte n'est PAS enfoncée dans le nez, et si la narine est pleine de morve l'affaire est réglée car dans ce cas on ne peut pas souffler...
On notera aussi qu'en soufflant par le nez la flûte n'est pas souillée par la salive.
Enfin faites attention — avec la bouche — d'avoir une hygiène ir-ré-pro-cha-ble: pas de caries ni de plaque dentaire (c'est plein de microbes et en plus ça sent mauvais)!
Une philosophie différente
Pour certains peuples du monde ce qui sort du nez est considéré comme plus pur que ce qui sort de la bouche. Je ne me prononcerai pas là-dessus mais après tout c'est une position qui peut se respecter.
On peut ainsi choisir, par exemple, de se frotter le nez en inspirant plutôt que de s'embrasser avec la bouche.
D'où les flûtes nasales pour, en autres, se faire la cour.
Par conséquent, si vous avez déjà essayé de séduire une vahiné avec un ukulélé et que ça n'a pas marché, la prochaine fois essayez donc la flûte à nez :-)
Flûtes d'Asie du Sud-Est
Selengut
La flûte nasale des Kayans de l'État malésien de Sarawak, dans l'île de Bornéo.
Kalaleng
La flûte nasale des Bontoks de l'île de Luzon aux Philippines.
Tôm Ông Dat
La flûte nasale des Dao Do au nord du Vietnam, à 7 trous.
Flûtes Polynésiennes
`Ohe hano ihu
La flûte nasale d'Hawaii, à 3 trous.
Fangufangu
La flûte nasale de l'archipel des Tongas.
Elle présente la particularité d'être fermée aux deux extrémités, et pour que l'air sorte il y a au centre du tube un trou en dessous, à l'opposé des trous de jeu. Il y a aussi 2 trous de narine, 1 à chaque extrémité du tube: on peut ainsi choisir le bout par lequel on va souffler (ce qui change la gamme car les trous de jeu ne sont pas disposés de façon symétrique).
Vivo
La flûte nasale de Tahiti, à 3 trous.
Flûte d'Amazonie
Patete
La flûte nasale des Wayanas de Guyanne, en Amazonie.
CD où on peut entendre un morceau: MUSIQUE INSTRUMENTALE DES WAYANA DU LITANI (18ème plage).
Les Sifflets à Nez
Glissandos par les lèvres
Comme si on sifflait
C'est plus un appeau (nasal tout de même) que véritablement une flûte.
Sifflet des Nambikuara d'Amazonie, "Humanatone" de James J. Stivers, "Bocarina" de Chris Schuermans...
On souffle par le nez dans un trou qui conduit l'air contre un biseau, c'est aussi facile qu'avec une flûte à bec.
En changeant de position la lèvre inférieure change les notes: la musique ressemble à celle d'une flûte à coulisse.
Le site incontournable sur les sifflets à nez: noseflute.org.